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Scarzello & Lys Slowmotion Orchestra
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Nous aimons ici le son direct et sans inutiles artifices, le rendu physique de la basse au son plus rond qu’une forêt de pipelines. Et les gracieuses arabesques des meneurs de revues, ScarzelloLys, qui continuent à danser sur ce mince fil tendu au dessus de la mêlée. Funambules aux airs de grands enfants, qui s’amusent du monde pour en faire des chansons. Sept titres pastel, ce n’est pas si courant ! Alain
Feydri, "Abus Dangereux"
... Leur approche entre cabaret, poésie et attitude punk fait d’eux l’une des fiertés de la scène rock bordelaise. "... auteur et interprète, au sens le plus large que comprennent ces deux termes. Le dandy pop aux goûts très sûrs, a un pied dans les années 70 et l'autre en 2011, voire demain, tant il arpente les scènes avec une curiosité et une passion inoxydées". Arnaud d'Armagnac, bordeauxconcerts.com En trois ans, les choses ont sacrément bougé chez nos potes de Bordeaux. Juste après leur excellent mini-LP "De bon matin en robe du soir…", Patrick Scarzello et Lys Reygor fondèrent la Poupée Barbue, combo rock'n'roll qui traversa le sud-ouest par des concerts endiablés et puissants. Quelques titres plus tard, ils partaient vers un nouveau projet, le Scarzello et Lys Slow-Motion Orchestra... "Blindé de Velours"
pose le débat dès l’ouverture par sa rythmique qui parvient
à être à la fois martiale et groovy, dans la même
lignée que le "In Cold Blood" de Johnny Thunders. "Le Bruit du Canon"
part comme une loco à toute allure, guitares tranchantes et rockabilly,
proches de Johnny Kidd, avec des interventions d'orgue très sixties
sur le pont. Les ballades Rhythm & Blues sont bien là, pour
notre plus grand plaisir : "La peau dure" bien sûr, avec son pont
en forme de menuet - évocation de "Mes regrets" de Michel Polnareff
- et les irrésistibles "Sélénites", parfaits morceaux
pour nos déambulations dans la ville endormie.
"... La réponse de Scarzello & Lys, groupe bordelais, frappe juste, car elle tape à côté. Eviter le centre, pour mieux y toucher. Se défaire des étiquettes rock, les couper, s’amputer des racines trop encombrantes, pour emprunter d’autres chemins. La chanson française, de Django à Taxi Girl, sans jamais tomber dans la beuverie rock indé’ que d’autres défendront en parlant du même groupe. Tout est question de point de vue, comme toujours, et Slow motion orchestra reste un ballet made in french où les guitares saignent comme un Clash qui cherche ses garçons. Beau violent. Utile éphémère. Central périphérique. Le Slow motion orchestra ressemble à une famille dont les membres auraient été étirés à l’extrême, laissant apparaître les bouts de chair distendus: les nervures y sont visibles, et la sensibilité à son maximum. Gloire à Aladdin Pacadis. Quelques minutes plus tard, le cri s’éloigne ad lib, et les peaux en tremblent encore, de ce rock qui ne dit pas son nom, autrement que par le filtre de ses idoles".
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![]() ![]() "... Tout a pris une sérieuse ampleur avec le groupe, ne serait-ce que par l'aspect visuel de la scène, que vous occupez maintenant totalement. Les musiciens correspondent à votre manière d'être, ça colle, surtout sur des morceaux comme "Chéri darling" ou "Le dernier des tailleurs de pierres" : version terrible j'ai adoré, surtout placé à la fin...""Une semaine qui débute bien au Fiacre, avec les chansons pleines de poésie punk (si !) de Scarzello & Lys et du Slow Motion Orchestra (dream team plus que backing band...) venus accueillir leurs amis parisiens de Guttercat & The Milkmen, esthètes d'un rock'n'roll placé sous les auspices de Saint Jean Tonnerre et des briseurs de cœur..." Captain, Novaplanet ![]() ![]() "...
me trompe-je ou vous avez repris"I Saw Her Standing There" des Beatles
à un moment (avec des paroles différentes) ? En tout cas
la basse y ressemblait fortement ! "
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Scarzello & Lys slowmotion orchestra avec Patrick Eudeline : "Dernière danse" (photo Yod°) ![]() Lors d'une "Dernière danse", Patrick Eudeline les a rejoints, tignasse électrocutée, regard vitré, nous livrant une intelligente définition du punk. Sur tout ça je ne reviendrai pas, fallait être là. Juste que si j'avais eu 17 ans à cet instant, je montais un groupe dès le lendemain matin..." Yod°,"Clubs & Concerts" (2008) ***
![]() ![]() Jon "slowmotion" Smith (photo Nikolas Ernult 2009) "J'ai
vraiment aimé les compos, la musicalité égrainée
par Jon Smith, les chutes rageuses, le martelage du rythme, le texte..."
"...
la plume affûtée de Patrick Scarzello, auteur de plusieurs
albums cabaret rock"
Pascal Bertin, "Volume" (mensuel des Inrocks) ***
photo Fête de l'Huma,
Benjamin Pavone
Patrick : auteur, interprète, tout y est. ... et Lys Reygor, elle chante, compose et est aussi plasticienne ? Lys : oui, ce qui recouvre plein de choses. A la base, c'est le dessin et la peinture, auxquels s'ajoutent des installations et des performances... chose importante, je suis attachée au trait, au gribouillage. Vous avez à la fois des activités bien personnelles, et d'autres en commun ? Lys : d'évidence avec le Scarzello & Lys slow-motion orchestra... J'ai de mon côté commencé à avancer "Massacre aux deux chocolats", façon B.O. de films, un hommage au cinéma et aux films de genres, fantastique, gore, horreur, etc. Ce sont aussi des chansons, et Patrick intervient en débutant aux percus, xylophone, etc ; plus parfois une seconde voix. Il y a aussi ce 7 titres du groupe, et c'est presque par hasard que vous êtes invités, tant j'ai souvent pensé à le faire, et puis... Lys : on comprend, c'est pour ça
qu'on se dit Slow Motion, il faut du temps pour tout.
Il y a aussi eu pas mal de choses avec les éditions Le récif... Patrick : ...disques et bouquins qui sont, depuis cette année, distribués via le catalogue Vicious Circle ; ça fait plaisir, d'autant qu'"Abus Dangereux" a régulièrement parlé de tout ce qui sortait. Et le CDr se voit labellisé "Le Récif" de fait, même si tous les musiciens sont bien sûr partie prenante. Ce côté fait à la maison, c'est une volonté ou une structure type major n'a pas été motivée ? Lys : c'est qu'on n'a pas cherché,
surtout...
Fête
de l'Huma, photo Benjamin Pavone
D'autant que peut-être aussi la major
ne soigne guère le côté musical et sa présentation,
aujourd'hui...
![]() Lys : de toutes façons, on nous
prend globalement pour des freaks, donc je doute de leur intérêt...
Ton côté plastique se retrouve sur la pochette, est-ce plus motivant qu'un fichier MP3 ? Lys : j'ai fait mon petit dessin, en proposant
aux musiciens de les dessiner avec une tête d'animal, et chacun devait
dire son animal fétiche, j'ai eu des surprises (rires)
Vous annoncez un CDr 7 titres, c'est pour le côté indé ? Patrick : pour l'aspect évident de ce qu'est l'objet, avec pourtant une qualité qui provient du son respectif et du style des musiciens réunis, Stéphane sonique à la batterie, Olivier à la basse de feu, et Jon Smith à la fine réalisation artistique et aux arrangements, en plus des grattes. Je sais que certaines choses qui sortent dans le commerce ne réunissent pas tout ce qu'on y a mis, et en même temps on l'a dupliqué sur un putain d'ordi à la maison... C'est fast 2008 certes, mais le contenu est d'une autre teneur, plus Slow motion (sourire)... On pourrait suggérer aux majors de faire leurs saucissons d'été sur des CD rewritable, ainsi on pourrait réenregistrer dessus ce qu'on veut... Chez vous, on sent le travail sur le son, mais également une chaleur, et puis ça n'a pas été trop compressé... Lys : pour ma part, je déteste ça,
ça devient catastrophique.
Et du relief...
Arrive cette soirée à la Politique de Bordeaux, autour de Bukowski (avec Poussière éditions, qui publie un recueil). Quand on vous connaît, on imagine des rapprochements, même peut-être une sorte de nourriture ? Lys : Oui, il en fait partie.
Patrick : de toutes façons, c'est le rock qui a fait le lien. Il se trouve que Poussière éditions de Sète, est un éditeur que j'ai connu via Olivier Martinelli, qui a publié le livre "Fanzine", où il parle peu ou prou des Kid Bombardos qu'il connaît bien, pour des raisons familiales mais pas seulement... Dans son livre, il cite Daniel Darc, les Smiths, etc. Ensuite sort le recueil "Demande à... Bukowski" qui donne lieu à la soirée... et la boucle est bouclée. D'ailleurs quand vous vous retrouvez à une soirée, s'il y a concert, il se passe d'autres choses également... Patrick : peut-être plus autrefois...
Durant la saison 2006-2007 avec la Poupée
Barbue, on n'a fait que concerts et festivals. Cette saison a effectivement
démarrée pour le Slow Motion, avec une soirée "Génération
punk" au ciné Jean Vigo, autour du film sur Thunders en compagnie
de Patrick Eudeline (cf. radionovart.com).
Et il y a pas mal eu de rendez-vous à thèmes entre-temps...
Certains tiroirs s'ouvrent parfois en même temps, ça donne
plusieurs éclairages...
Patrick : sans compter que c'est devenu
des concerts quatre-fromages, avec des groupes qui défilent, et
je trouve ça dommageable, cette multiplication qui est liée
à la parcellisation... J'aime vraiment arriver pour une ouverture
et voir juste un groupe derrière... Alors qu'on s'est mis dans le
rock à faire comme partout, il faut rajouter du nombre pour le nombre,
comme les visites sur le Web qu'on comptabilise... cette prolifération
à outrance du "plus y en aura, mieux ça sera"... évidemment
fausse.
Patrick : reste qu'à cette soirée,
on sait les gens de La Politique vraiment accueillants, les Kid, les Good
et les Minuscule vraiment bons ; il va se dégager quelque chose
d'ensemble, sur lequel on se retrouve.
Fête
de l'Huma, photo Benjamin Pavone
Même si trop de propositions contribuent
à un effet kleenex finalement ?
![]() Lys : tous les groupes sont un peu plus
juke-box qu'avant, c'est une évidence.
Y a-t-il d'autres choses à signaler en ce moment ? Patrick : avec le Slow Motion Orchestra
qui l'a composée, on est en train de faire la chanson du film de
Yann
Kerninon (essayiste, magicien, performer, etc) et Sébastien
Lecordier, "Paris-Zurich-Berlin" pour Atopic production, sur les
traces imaginaires de Dada.
(*) news 2009 : "Corde
Brève", le disque du guitaro paraît chez Vicious Circle ;
et le trip Paris-Zurich-Berlin en cours de montage, deviendra un long métrage,
"Coup de bordure à Bitterfeld".
Intéressant parce que différent, parce qu'il a un vrai parcours qui dure, qu'on parle peu de lui, qu'il a une culture punk... et puis tout simplement, parce que nous ne savons pas tout. J'ai donc fouiné du côté non officiel, résultat en mots.
didier ddduyats : j’ai lu que tu étais défini – entre autres - comme un “multiactiviste de la chose rock et artistique depuis la fin des années 70 “ Et avant 1976, tu faisais quoi ? patrick : Hoops... n'était-ce pas l'enfance dans une bulle intersidérale !? Je dévorais des Marvel comics dès qu'ils sont apparus dans "Fantask", plus les petits formats noir et blanc ; en alternance avec les "Maghella" et autres "Contes féérotiques". J'étais fan de Bruce Lee depuis "Big boss" et fasciné par la série "Le prisonnier". J'écoutais la radio, et c'est d'abord en VF que j'ai aimé les Beatles, la country, la Tamla, les grandes chansons américaines, etc. Y a eu en livres tous les Boris Vian, "Le désert des tartares" de Buzzati, "Les robots" de Van Vogt. Et l'on me disait qu'il fallait avoir peur des blousons noirs, ce qui m'attirait, rien que de les entendre nommer. J'ai un souvenir d'enfance 70's, un dimanche midi super-chiant avec mes parents. Y a un chevelu avec une guitare acoustique dans le restau, ma mère doit le maudir, il s'apprête à partir. C'est un cliché impressionnant tant tout y était, je le revois souvent : la route et l'aventure juste à la porte qu'il va franchir, la liberté du musicien qui trimballe son instrument partout comme il veut, l'androgynie qui jure avec l'ordre alentour. Et tout le rejet qu'il incarne d'évidence, qui moi m'inspire. Avant Rotten, Dentist ou Métal U, l'un de mes premiers sniffs de vraie vie. Quelles sont “les obsessions originelles de ton adolescence” ? Les as-tu gardées et regardées grâce à ta pratique artistique ? Ne pas travailler pour pouvoir
juste payer son dû, choisir plutôt que subir, ne pas s'offrir
une fille mais caresser l'âme soeur, écrire ou chanter un
jour ce que je ne savais dire, ne pas reproduire le pire des parents et
de la société dont l'hypocrisie me transperçait, vivre
pour autre chose qu'une carrière, le pouvoir, etc. Le punk m'a ouvert
à tout, et ce qui va avec l'artistique s'est imposé au fil
du temps, jusqu'à devenir réalité(s). Alors oui, peu
pou prou et tant pis si ça fait prétentieux, je suis celui
que l'ado imaginait... enfin, l'aurait préféré ce
ptrcKscrzll-là... tu le vois !? Et non pas celui qui te répond...
Mais je ne savais ni que ce serait toujours plus compliqué, ni que
ça changerait finalement si peu... en ayant autant raison si tôt
! (sourire).
Qu’est ce qui t’a fait tomber dans le chaudron du rock ? Avais-tu des prédispositions, et si oui lesquelles ? Toutes : j'trouvais ma famille
pas cool et ne partageais aucun de leurs souhaits, le monde adulte paraissait
vraiment trop laid quel que soit le côté observé, et
je ne m'aimais qu'à moitié... Mais ça a pris du temps...
pas étonnant que notre nouveau groupe s'appelle le Slow Motion !
J'en ai d'ailleurs fait un titre l'an passé avec la Poupée
Barbue, qui compile le No Escape éternel, "30 ans (et une dent)"...
contre le monde, évidemment, et puis comme celle qui a poussé
par devant.
"... surtout avec les
super-musiciens qui, cette fois encore, nous portent et nous transportent."
L'Orchestre est-il irrémédiablement dé-Vidé ?, et qu’est-ce qui te ferait reprendre la route seul en scène ? Tout reste toujours permis...
Mais comme formation, je n'ai rien trouvé de mieux que la réunion
d'un band : aussi fragile et fort à la fois, explosif, qu'exaltant
et magique. Quand t'as connu ça, c'est difficile de s'en passer.
Surtout avec les super-musiciens qui, cette fois encore, nous portent...
et nous transportent. Tout seul, c'était le plus raide et le plus
à poil imaginable (sans instrument ni rien). Et n'ayant ni la présence
d'Alan Vega, ni l'écriture ou le jeu d'un Willie Loco, faudrait
beaucoup me pousser...
Scurs, Asphalt Jungle,
c’est quoi le plus facile pour apprendre à chanter ?
from Patrick Eudeline to Olivier Slow Motion
:
Comment te situes-tu dans la scène bordelaise : OVNI, pilier, cheval fou, pionnier, valeur sûre, autre ? ... laissons plutôt dire. Ton nom est maintes et maintes fois associé aux mots dandy et punk : tu le fais exprès ? Ca me poursuit un peu... Récemment, je lisais avec frénésie et à la fois à petites lampées, "Les décadents français" de Marc Dufaud (après "Les peaux transparentes"), où je retrouvais tous mes préférés et d'autres à défricher. Je m'immergeais à retardement mais avec passion, dans le gospel punk chez Presley, ça soutient toujours... J'ai lu pour la toute première fois dandy punk en 1999, sous la signature de Laurence Romance (qui m'annonçait à Montreuil avec Tue-Loup/Superflu). Depuis, l'expression s'est imposée pour bien des raisons... notamment parce que rien ne semblant apparemment assez fort, il faut doubler la dose pour que ça fasse un peu d'effet. Là aussi, on sait qu'on est bien en 2008. Que t’inspire Oscar Wilde ? Un absolu, forcément. J'ai d'ailleurs lu il y a peu, les pages de son procès. Il était tellement dans son truc, qu'il s'enferrait au mépris de tout intérêt immédiat... total respect. Dans un vers, j'ai brodé sur l'un de ses traits, "(Comme disait ce vieil Oscar), la jeunesse est un art" ; en cinq mots, il te tient des heures ! J’ai lu à propos du cd solo que vous “brassiez influences punk, blues, classique, sans s'interdir aucune bizarrerie”. Quelles sont ces bizarreries auxquelles l’auteur de ces mots fait référence ? Ca a commencé par l'envie de faire ses propres expériences et ça pourrait aller jusqu'a réunir moyens et participants pour expérimenter... Mais je prends ça plus simplement aujourd'hui, le feeling pour le faire et le plaisir de le partager, ça peut suffire pour du beau bizarre. En pleine vague du rock alternatif français, je t’ai vu ouvrir à Bordeaux pour les Wampas et les Bérus. Te considères-tu comme un rockeur alternatif ? Jamais pensé comme ça... mais j'aurais bien sûr aimé contribuer directement à des tueries comme "J'ai quitté mon pays", "Les bottes rouges", etc (la liste des groupes et des chansons serait longue). Et j'vois où tu veux en venir, car je me suis souvent retrouvé au milieu de ce qu'il se passait alors... tout en piaffant jusqu'aux 90's pour avoir un répertoire, et surtout une formation pour le défendre. J'ai connu les Bérus à leurs tous débuts 80 lorsqu'ils ont joué en banlieue bordelaise, les Wampas dans les premiers cafés de Paris BarsRock aux côtés de Spider X, des Soucoupes Violentes, etc ; je fréquentais l'entourage des Coronados, qui étaient trop géniaux (pour de si nombreuses raisons, y compris leurs mystères...). Durant ces années, j'en crevais d'avoir des chansons et personne de dispo pour s'investir, sauf ponctuellement. A ce fameux concert, Loran nous a gentiment suggéré de répéter plus... et pour cause : ça commençait par un titre clavier-chant avec un premier instrumentiste, puis je crois Xavier des Scurs qui rentrait à la guitare, la contrebasse qui se rajoutait... Y avait aussi Dany Boy qui lançait les boîtes par derrière, je n'osais ou ne savais déclencher... Sur une date à Rochefort en ouverture des Coros à La Poudrière, Stéphane Gillet faisait même des choeurs... Ca a vachement compté les quelques dates de cette époque, mais surtout perso. Imaginons, nous sommes en 1970 et un de tes profs t’invite à rejoindre une “Scène de Musiques Actuelles structurante labellisée par le Ministère de la Culture”. Tu lui réponds quoi ? Merci meussieu, mais j'aimerais
avant tout me perdre un peu tout seul, avec une sweet little sixteen ou
en band(e)...
Oui, quand c'est rafraîchissant
et aussi personnel que le premier album des Shades, ou que ça réveille
tout ce qui le mérite comme les Stripes... et non, parce que les
viviers vintage que je n'ai pas connus en direct, me rechargent souvent
plus que l'actualité... Et pourtant, je vis pour aujourd'hui sans
nostalgie... En même temps, je sais combien le revival est l'une
des clés maousses du Big Bad Beat, pour tous, depuis toujours et
jusqu'à la fin. D'autant qu'on y souscrit parfois plus ou moins
soi-même, par la force justement des redécouvertes de l'Histoire...
on n'est pas rendus, là ! (sourire).
J’ai lu que le duo Scarzello & Lys a été qualifié un jour de “Bonnie & Clyde du post-cabaret”. Peux tu nous qualifier ce duo avec tes mots à toi ? Plus que Bonnie & Clyde
effectivement, j'imagine que l'auteur pensait à la chanson de Gainsbourg
avec Bardot... beau couple et belles références pour nous
! Ensuite, on trouvait dans le répertoire de véritables influences
cabaret. Et à la fois, c'était formule chausse-pied pour
caser l'incasable musicalement, dans des lieux de concerts rock. On a aussi
beaucoup souligné notre théâtralité, voire notre
mise en scène... alors qu'on se sentait d'abord interprètes,
pas des attractions.
Et le théâtre, c’est pour une autre vie ? Tu fais référence
à un écho qu'a reçu "Singe Ejectable", mon second
petit bouquin qui, a-t-on dit, pourrait être joué sur scène.
Lys avait pensé à un moment s'y coller, car il s'agit essentiellement
d'un monologue féminin. Mais la réalité a rattrapé
la symbolique, on ne se sentait plus de laisser la parole à une
ignoble réactionnaire, même pour dénoncer.
En quelque sorte... J'ai
eu plusieurs fois la chance qu'on interprète des chansons qui étaient
déjà là (cf. l'album 2008 de Thierry Sabir, avec deux
Strychnine devenus Beach Lovers, plus le bassiste et guitaro de Gamine
à la réalisation), ou qu'on ne me demande de participer à
des projets. Ce que j'aime beaucoup et qui a l'air de bien fonctionner.
Pour en venir à Coco et Jo, leur compositeur me connaissait depuis les 80's, pour avoir réalisé une démo dans son studio. La maison de disques voulait un album en français, et les frères N'Tumba en tant qu'auteurs, devaient adapter leurs titres écrits en anglais. Je les ai aidés, ce qui a contribué à leur signature et au premier album, où on me retrouve sur plusieurs morceaux. On a remis ça sur le second, en partant de simples notes à eux, sur des carnets. On a même gratté à chaud ensemble, dans un studio de Los Angeles, juste avant qu'ils n'enregistrent... c'est le titre avec les Américains qui a marché (sourire). J'ai apprécié ces moments partagés avec de vrais B-Boys, leur coolitude et leur histoire bien plus rebelle qu'elle ne paraissait ; leur ai depuis dédié un "Hip-Hop A Lulla". Ca fait quoi d’être “l'ami bordelais” de Thierry Tuborg (ancien chanteur du groupe Stalag et aujourd’hui écrivain) ? J'suis épaté par sa façon d'écrire, apparemment simple et incontestablement efficace, tant dans ses livres que j'ai tous lus, que dans ses chansons ciselées ; les récentes comprises avec Stalingrad, groupe idoine. Contrairement à certains, proches du truc au départ, mais qui font plus qu'ennuyer dans leurs bouquins ou activités annexes, Thierry me paraît incarner l'écrivain rock'n'roll frenchy auquel les éditeurs devraient s'intéresser fissa. Et s'il écrivait pour d'autres chanteurs, ça le ferait aussi. Un titre comme "Les vieux punks (finissent toujours par payer)" est d'une justesse vécue, impeccablement rendue. Chamfort a écrit « Ce que j'ai appris, je l'ai oublié ; ce que je sais, je l'ai inventé ». Et toi, qu’as-tu inventé de ton côté ? M'est arrivé d'avoir un petit regard de biais : pas dupe. J'espère avoir l'occasion d'en jeter d'autres. Ecrire dans "Rock&Folk" : c’est une envie, un besoin, un plaisir ou autre chose encore ? "Rock & Folk" est une
éternelle New Church pour ses Lords, sur les bancs de laquelle j'ai
volontiers été amené à poser un flyer, pour
un festival de la scène du cru. Dans la foulée et à
travers ses vitraux, j'ai à plaisir observé une "Mauvaise
étoile", qui fait chaud au coeur de la (sa)voir briller. Je me rends
à la messe à la première heure tous les 15 du mois,
tel un pauvre pénitent qui, à chaque fois, se dit qu'il ne
connaît pas même un demi-pet de lapin aux mystères de
la foi.
“A rebrousse-toi” et “Singe éjectable” sont tes 2 romans (sortis aux éditions Le Recif en 2002 et 2003) : qu’as tu donc à dire d’autre que ce que l’on trouve déjà dans les paroles de tes chansons ? Le PSZ rockeur et le PSZ romancier sont-ils 2 personnes ? Hélas non, toujours
le même ! C'est juste une autre écriture et une histoire de
format, les deux demandaient plus que quelques vers... Mais ce ne sont
pas des romans, plutôt une lettre-journal au lance-flammes pour le
premier, et un récit avec d'horribles propos recueillis dans le
second.
J’ai appris que tu étais à London en Août 1982 : c’était pour parfaire ton anglais ? Je n'avais au fond qu'un objectif, même pas aller voir des concerts ou acheter des sapes, rencontrer Eric Débris. Youri Lenquette m'avait donné son phone, j'ai osé. Le long entretien qu'on a eu, trône sur mon site et date de l'époque Sex Sex Sex, le must de ce que j'ai pu faire pour "On est pas des sauvages". C'est l'un de mes héros de toujours, vu avec Métal Urbain un dimanche de 77 en direct (dans l'émision "Blue Jean" je crois), et MySpace best friends aujourd'hui... Le vortex spatio-temporel qu'ils ont ouvert, ne s'est de fait jamais refermé. Facilement visibles désormais, ces images flashantes étaient restées incrustées comme un tatouage mental et sentimental, indélébile... Voir et entendre ça à 16 ans, dans le living-room familial, c'était atomique... Comme un appel de l'au-delà, un cri de naissance : "Panik d'aujourd'hui... paanik !" Ca reste i-n-e-s-t-i-m-a-b-l-e et les mots ne suffiront pas. Y a évidemment Métal U sur la pochette de "De bon matin en robe du soir", qui montre ma chambre d'ado constellée de figures éternelles, dont leur photo, parue dans "Feeling" il me semble. Je regrette de ne pas avoir eu le feeling justement, d'aller leur parler à l'Heretic ou à Barbey, quand ils ont joué, j'y étais. Une pudeur... Ton site s’ouvre avec la phrase “bienvenue sur l'esquif d'un voyageur astral en plein apprentissage...” Peux tu nous en faire une visite guidée ? La décorporation,
chère lune dix-neuvième, renvoie assez à la chose
et à la situation...
Bien vivant, c'est toi qui
le dit ! Il me semble en fait que maintes choses vraiment importantes commencent
à peine... Pas seulement parce qu'il y a toujours quelque chose
de l'absolute beginner dans la musique et le reste... Mais y a peut-être
suffisamment de paramètres, mis peu à peu en place pour tendre
vers : ballades & rock'n'roll en groupe avec ma fleur, gratter au plus
près de l'os avec la plume, et autres si affinités : it's
open all night.
De dos sous la casquette : Delly Heartbeeps
Il me semble que les punks de l’ancienne école ont le vent en poupe ces jours-ci. Penses-tu avoir la reconnaissance à laquelle tu as droit toi aussi ? Du fait d'impondérables
et bien qu'invité, j'ai loupé pas mal de ces moments, notamment
à Paris : concerts de la nouvelle scène, lancements de "Nos
années punk", "40 ans de musiques au Gibus" (auquel j'ai participé,
en vis-à-vis des Playboys niçois chéris), etc. Mais
gaffe, si tout ça a définitivement modifié mon métabolisme,
ceux auxquels tu penses ont fait l'Histoire, eux.
Je crains qu'il y ait de nos jours déjà trop de menaces, d'où la difficulté en ce sens du punk spirit... Ca faisait peur, parce que tout le reste ronronnait. Aujourd'hui c'est pas "yes future" (même si la défunte science-fiction est devenue un cyberDiable polymorphe, bien trop réel), mais "donnez-moi un 'tit bout de présent, pleeeeazzze"... et en tremblant encore.
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![]() saison 2006-2007,
avec La Poupée Barbue :
vidéos
live : "Halte au confort !" + "Les
affameurs"
-photos Mel-
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